À quoi ressemble le quotidien de l'Olympique de Marseille sous l'ère Troussier, qui s'achèvera quand la fumée deviendra blanche au-dessus du Pape? Nos espions ont tout vu.
06h00 : Il est six heures, Philippe Troussier s’éveille, il est six heures, il n’a plus sommeil.
06h25 : Philippe Troussier goûte les œufs brouillés spécialement préparés par Madame Troussier. Le verdict tombe : 15/20, pas assez baveux, trop de sel.
06h51 : Peguy Luyindula au fond de son lit, fait un rêve : il est champion de France avec Lyon.
06h52 : Peguy Luyindula se réveille. Le cauchemar recommence.
07h15 : Philippe Troussier lit dans L'Équipe que ses jours sont comptés à la tête de l'OM.
07h16 : Philippe Troussier lit dans La Provence que Robert Louis-Dreyfus compte sur lui pour la saison prochaine.
07h45 : Philippe Troussier constate que les essuie-glaces de sa voiture sont tordus et qu'un message est inscrit sur le pare-brise: "Le sorcier blanc va bientôt bouillir dans la marmite".
08h02 : Philippe Troussier entend sur France Bleu Provence que sa grand mère est malade et qu'il doit rentrer au Japon.
9h18 : Habib Beye arrive à la Commanderie. Il se gare à côté de la Golf Bon Jovi de Benoît Pedretti. Le coach se précipite sur lui: "Si tu te places en défense comme tu fais tes créneaux, pense à changer de métier".
9h30 : Début de l’entraînement à la Commanderie, avec une demi-heure de footing.
9h42 : Philippe Troussier, qui trottine avec ses hommes, entame un air joyeux pour leur booster le moral : "À la Commanderie, tous les commandants rient, à la Commanderie..."
10h03 : Début des petits jeux : relais au milieu de terrain, avec passes en profondeur vers les attaquants.
10h03 : Dans un coin du terrain, Koji Nakata fait des exercices sans ballon, tandis que Fabrice Fiorèse enchaîne les tours de piste en vue du marathon de New York.
10h23 : L'entraîneur décide de placer deux attaquants à la réception de chaque centre pour doubler les chances de réussite.
10h30 : Second exercice : frappes de loin.
10h45 : Fin de l’exercice. Les commentaires arrivent comme la neige en hiver: "M. Marlet, 8/20, les cages étaient plus grandes à Fulham ou quoi? M. Bamogo, 14/20, mais c'est juste pour avoir cabossé la Mercedes d'Acariès sur le parking. Enfin M. Batlles, 16/20, mais -10 pour avoir arraché le filet".
11h22 : Dernier exercice : Opposition dix contre un (Barthez), afin de mettre les attaquants en confiance.
11h51 : L’opposition s'achève sur le score de 1-1. Fin de l’entraînement.
12h01 : S'étant trompé de couloir, Philippe Troussier pousse une porte par mégarde. Dans la pièce enfumée, une voix s'élève: "Tu t'es trompé, c'est pas ici les oubliettes. Mais t'inquiète pas, on va t'aider à les trouver".
12h57 : Un grand fracas résonne dans les vestiaires. José Delfim, venu faire constater au médecin qu'il était pleinement rétabli, vient de trébucher sur la maquette du toit du Vélodrome qui traînait devant l'ancien bureau de Christophe Bouchet.
13h03 : Benôit Pedretti se rend aux toilettes. Philippe Troussier, surgit de nulle part, l’attrape par l’oreille: "C’est quoi ça? Tu pisses sans relever la cuvette? Tu ferais mieux d'éclabousser le milieu de toute ta classe".
13h15 : Pape Diouf, qui regarde passer Delfim sur une civière, reçoit un SMS d'un ancien confrère journaliste selon lequel Robert Louis-Dreyfus s'apprêterait à nommer le duo Perpère-Fernandez à la tête du club.
13h16 : Philippe Troussier reçoit un coup de fil de Bernard Tapie lui assurant qu'il pourra rester l'an prochain s'il le laisse faire les compositions d'équipe.
13h20 : Philippe Troussier appelle Pape Diouf, qui lui confie que "Si les moyens sont circonscrits pour placer l'OM dans une continuité de perspective, le directoire sera en position de lui assurer la gestion sportive nonobstant les contingences de l'actionnaire, le cas échéant". Ce à quoi Troussier répond: "Je me place donc dans un attentisme actif en regard des finalités de la préparation du groupe et de ses objectifs". Pape Diouf conclut: "Je l'entends bien ainsi".
14h30 : Reprise de l'entraînement. Petit match entre l’équipe des footballeurs et l'équipe omnisport.
14h44 : Fiorèse n’est pas content de l’équipe avec laquelle il évolue : "C’est la taule, avec ces dossards oranges, j’ai l’impression d’être au bagne...
- Non Fio, répond Barthez en pouffant, Aubagne, c’est à dix kilomètres".
14h51 : Suite à l’intervention de Déhu, Fiorèse change d’équipe, Olembe prenant le sens inverse. Le match peut reprendre.
15h02 : Nasri dribble N’Diaye, passe Olembe, feinte Christanval, et s’en va battre Arphexad d’une pichenette... Au milieu des Blue Boys, le club des supporters de l’entraînement, Michel Tonini s'esbaudit: "Samir, tu es notre dieu!"
15h18 : Louis Acariès interrompt la rixe entre Costa et Pedretti pour expliquer au Brésilien comment garder ses appuis quand il donne un uppercut.
16h12 : Nasri dribble Hemdani, passe Ecker, feinte Christanval, mais rate son tir qui termine sur le poteau… Les Blue Boys se mettent à siffler, Michel Tonini soupire: "Il est trop tendre, je l'avais bien dit qu'il fallait garder Meriem!"
16h40 : Fin de l’entraînement.
17h12 : Bruno Cheyrou appelle Liverpool :
- Élo… Aillame Bruno Cheyrou, einde aille...
- Who ?
- Bruno Cheyrou, ze footballeur...
17h32 : Début de la conférence de presse. Sont présents Fabien Barthez, Pape Diouf et Louis Acariès.
17h34 : Fabien Barthez informe l'assistance que son avocat vient de saisir la Cour européenne des droits de l'homme et le Conseil de sécurité de l'ONU pour casser sa suspension. "Des travaux d'intérêt général au profit du football amateur, je ne fait que ça depuis que je suis à Marseille, alors bon".
17h35 : À la question "Qui s'occupe du recrutement pour la saison prochaine?" Pape Diouf et Louis Acariès répondent en même temps: "C'est moi". Barthez s'étonne: "Ah bon, c'est pas Anigo?"
17h42 : Pape Diouf : "On a déjà dans notre effectif un attaquant rapide et véloce qui peut donner et marquer des buts et qui s'appelle Fabrice Fiorèse. Je ne vois donc pas ce qu'Ibrahimovic pourrait nous apporter de plus".
17h43 : Le journaliste qui a rigolé à la dernière intervention du président est embarqué par deux membres du service d'ordre.
17h55 : Fabien Barthez : "Le déplacement à Bordeaux est périlleux. J’ai entendu dire que le secteur n'est pas sécurisé, qu'il y a une véritable Intifada contre les dirigeants, qu'ils ont des attaquants kamikazes qui se précipitent sur le gardien même sans le ballon. C'est l'homme et le père de famille qui parlent, pas le joueur".
18h01 : Bref moment de panique. La rumeur court que Robert Louis-Dreyfus a revendu ses actions au Crédit Lyonnais.
18h11 : Le journaliste de La Provence a trouvé son titre pour le lendemain "Les bulles papales".
18h25 : Bruno Cheyrou est toujours au téléphone : "Aille taulde you aillame Bruno. Cherou! You donte rimembeurre mi? Aille bilongue tou livèrepoule, comme guette mi couique, plize!"
20h00 : Dîner en commun.
20h10 : Barthez ne veut pas de sa salade. Troussier décide que Gavanon la mangera. "Et dépêche-toi, sinon j’appelle Carasso et il va aussi te manger" menace-t-il.
20h15 : Nasri transmet la salière à Marlet, qui la volleye vers Luyindula. Celui-ci la fait passer main droite-main gauche-dans le dos avant de la lancer à Bamogo, qui l’attrape au vol et sale son plat. Tout le monde applaudit, sauf Fiorèse, qui prétend que la bouteille d’eau l’a empêché de participer au mouvement collectif.
20h35 : Le portable de Bruno Cheyrou sonne : "Yes ? No, non hablo espagnol. QUOI? El Real Madrid? Si! Si! Et comment que si! " C’est à ce moment-là qu’il aperçoit Koke à l’autre bout de la table, plié de rire, en train de chuchoter dans son portable.
20h40 : Yahaoui pique une crise de nerfs après s’être vu refuser un deuxième fromage blanc. Il est évacué par Déhu et Méité, sans cesser de hurler que "le milieu du foot est pourri".
21h15 : Batlles fait remarquer à Fiorèse qu'avec son Ballon de Plomb, il est le seul Marseillais à avoir gagné quelque chose cette année. Fin du repas.
21h30 : Sur le parking, le portable de Bruno Cheyrou sonne. "Yes ? What ? Newcastle? Oh yes, aille tèque! Ouate? No! Aillame BRUNO, notte Benoît! Hello Hello?"
22h30 : Philippe Troussier arrive chez lui. Dans sa boîte à lettres, il découvre une poupée à son effigie piquée de quinze aiguilles, accompagnée de ce mot: "Ma magie est plus puissante que la tienne. Dégage pendant qu’il en est encore temps".
23h30 : Effectuant sa tournée nocturne, le vigile de la Commanderie découvre Kodji Nakata, toujours en train de s’entraîner sans ballon. Il le raccompagne gentiment vers la sortie.
Minuit : Au Stade Vélodrome, Bernard Tapie, Rolland Courbis, Robert Louis-Dreyfus et Christophe Bouchet se matérialisent dans le rond central. Ils entament une folle sarabande, seulement éclairée par la pleine lune